Les Albert's
        de 1970 à 1998            depuis 2019

 

 de 1970 à 1998
Jojo Travert, Jacques Legastelois, Jean Quétier
Jojo Travert
Jacques Legastelois
et Jean Quétier (assis)


Les Beatles enregistraient leurs tubes au studio Abbey Road. Magène enregistre les siens depuis 1989 à l'AlbertStudio de Sainte-Mère-Eglise. Qualité pro et ambiance, ça tourne ! Jean et Jojo vous y attendent.


Sans doute y aurait-il un livre à écrire sur ce groupe mythique qui écuma pendant plus de 20 ans les salles des fêtes et autres podiums du département de la Manche et, plus largement, de l'ouest de la France. Avec plus de 1000 spectacles et une dizaine de disques dans sa valise, ce groupe a laissé une empreinte particulière dans le coeur de son public.

Le trio fondateur était composé de Jean Quétier, Jacques Legastelois et Georges Travert. Guy Beuve a rejoint le groupe un peu plus tard.

Le groupe naît au début des années 70. A cette époque, la télé est à peine en couleurs et l'ordinateur grand public n'est pas encore inventé ! Le public, encore peu concerné par ce que l'on allait pudiquement appeler "la crise" ne demande qu'à découvrir toutes ces musiques qui foisonnent un peu partout. De ce fait, les salles sont pleines. C'est cette adhésion populaire qui est à l'origine du succès des Alberts car, comme ils aiment à le dire, ils sont avant tout un groupe de scène. Et c'est vrai qu'ils chantent haut et juste les amours et les misères des belles du passé ! Le bouche à oreille fonctionne très bien pour eux et les organisateurs voient tout le profit qu'ils peuvent tirer de ce trio sympathique qui pousse la chansonnette traditionnelle et fait chanter les foules. Sur scène, ils s'accompagnent d'instruments traditionnels et anciens, tels que le cromorne, le dulcimer ou encore le psaltérion. Les synthétiseurs n'ont pas encore pris le pouvoir !

"Au premier jour de l'an", leur premier album, est enregistré à Rennes en 1978. C'est un succès immédiat. Le disque est plusieurs fois repressé. Quelques titres s'annoncent comme des références définitives : "La malmariée", "Les gars de Senneville", "Si tu viens à la fontaine" et surtout "J'ai lié ma botte", le tube de l'époque : "J'ai lié ma botte
avec un brin de paille.
J'ai lié ma botte
avec un brin d'osier."
En 1979, dans la foulée, le groupe produit "Le soir des noces", un nouvel album de 11 titres, moins tonique que le premier mais qui s'appuie davantage sur de belles mélodies traditionnelles : "Le beau Robert", "Complainte de la belle qui a fait la morte".

Tout va bien (et surtout les finances) pour le groupe qui décide de créer son propre studio en 1981. Un véritable pari pour l'époque ! Avec "l'Albert Studio", installé dans un hameau de Sainte-Mère-Eglise, les comparses vont pouvoir peaufiner leur musique et leurs arrangements. Leur album "La noisille" (1982) sera représentatif des progrès accomplis avec des chansons comme "Les tristes noces", "La noisille", "Les filles de Lorient".

Après "La noisille", le groupe semble avoir fait le tour du répertoire traditionnel. Les bergères ont été troussées dans les chemins creux, les belles dames sont mortes de chagrin, les soldats n'ont plus de revendications, bref, les thèmes sont quasiment épuisés... Les Alberts voudraient trouver un second souffle et surtout personnaliser davantage leurs productions. Nous nous connaissons depuis longue lurette, aussi l'idée d'une collaboration prend-elle rapidement forme. A titre expérimental, je compose "Le vieux folkloreux". Bon, cela semble fonctionner sur scène. En 1984, Les Alberts produisent l'album "Chandelles noires" qui marque un tournant dans leur carrière. Le titre principal, "Les gars de Terre-Neuve", fait l'objet d'un clip et restera la chanson fétiche jusqu'à l'extinction du groupe. Cette chanson a été interprétée sur scène par d'autres groupes normands et bretons et a été enregistrée sur disque par les Marins du Cotentin et les Mat'lots du vent.

Chandelles noires
Cerfs volants

En 1987, le groupe laisse s'envoler "Les cerfs-volants" avec quelques titres qui font mouche auprès du public régional : "Le moulin de Folenfant", "Barfleur" et surtout "Utah beach" que l'on retrouvera sur d'autres enregistrements et compilations. "Utah beach en couleurs,
c'est presque beau,
même avec sa douleur
à fleur de peau."
Le temps passe. Le groupe mûrit. Il estime avoir suffisamment chanté des petites tranches de vie. Il veut désormais raconter une vraie et grande histoire régionale. Justement, Louis Costel vient d'écrire un roman historique sur le thème de la sorcellerie : "Car ils croyaient brûler le diable en Normandie". Rendez-vous est pris avec l'auteur qui nous encourage à mettre en scène ce scénario dramatique du 17e siècle. La mise en oeuvre du spectacle exige de gros moyens financiers et artistiques. Pour la scène, le groupe fait appel à une interprète supplémentaire : Anne-Marie Travert, à un créateur de décors : Guy Beuve, à des figurants, à une costumière. Le résultat est à la hauteur des espérances et la tournée (le spectacle tournera pendant deux bonnes années) reste un grand souvenir, de la Haye-du-Puits ...à Nuremberg. Un CD (1990) reprend les 12 principaux titres de cette comédie musicale historique.

bruler le diable
silence des pluies

Que faire après un tel temps fort ? Après l'histoire, passons en quelque sorte à la géographie : les marais du Cotentin viennent d'être reconnus en tant que parc régional. Nous sommes tous d'accord, les marais ne se résument pas à la terre et à l'eau ! Il y a aussi des modes de vie, une histoire ancienne et une autre plus proche et plus douloureuse, des légendes, des rythmes... Le nouveau spectacle intitulé "Le silence des pluies" est créé en 1993 avec une mise en scène plus discrète, plus subtile. Les chansons y sont souvent plus douces. La poésie prend même parfois le pas sur la musique. Le CD du même titre, doté d'une superbe pochette, reprend les vingt chansons du spectacle, lequel intègre "Suages" , un titre de Magène.

Entre-temps, en 1994, le groupe s'investira dans une grande fresque historique financée par la Région et la mairie de Carentan : "La mémoire du ciel", spectacle produit au titre de la commémoration de la libération de la ville 50 ans plus tôt.

memoire du ciel
douve

A la fin des années 80, le groupe avait fait le choix de limiter son nombre annuel de spectacles : moins de dates, plus de qualité. L'objectif a été assurément atteint. Après "Le silence des pluies", c'est le silence des Alberts qui va s'installer progressivement. L'heure de la pré-retraite a sonné pour ces quadras qui n'ont sûrement plus la même flamme dans la voix et le coeur. En 1997, une compilation reprend sur 2 CD les principaux succès qui ont jalonné les vingt ans du groupe ainsi qu'un titre inédit : "La Douve". La Douve, c'est l'unique grande rivière du Cotentin, c'est aussi l'âme des marais : "Dans ses ronds dans l'eau reviennent
les chants de la milloraine,
les refrains tombés des gabares,
les couplets perdus aux lavoirs.
Tendez l'oreille : c'est vrai,
la Douve chante au marais".
Pour ma part, lorsque je me promène dans les marais du Cotentin, j'y entends souvent les chansons des Alberts.

Daniel Bourdelès         



2014 : Sortie de la compilation des Albert's

(Extrait de nos infos de novembre 2014) Ce groupe fort connu dans la Manche (et bien au-delà) dans les années 70-80 édite sa compilation "intégrale" : un coffret de 8 CD + 1 DVD + livret de 48 pages (40 €). Tous les titres ont été remixés : c'est un bonheur. Pour en savoir plus ou vous procurer ce coffret, voici la page d'accueil de l'Albert Studio.


A voir : Les gars de Terre-Neuve, le clip tourné à Portbail en 1985.