Textes

 

LES CHRONIQUES DE BERNARD DESGRIPPES

initialement publiées par le Publicateur libre de Domfront

Bernard Desgrippes est originaire  du sud  de la Normandie. Son terrain de prédilection  est celui de la région de Domfront, dans l'Orne, aux confins de la Manche et de la Mayenne. Il est  notamment l’auteur d'un remarquable dictionnaire en quatre volumes intitulé "le vocabulaire normand du bocage domfrontais", préfacé par René Lepelley. Nous vous recommandons chaleureusement cet ouvrage, encore disponible et édité par l'association d’art et d’histoire de Flers : "Le Pays Bas-Normand".
Les chroniques que nous reproduisons sont rédigées chaque semaine depuis 2002 pour le journal local, le Publicateur Libre, créé en 1850 à Domfront. Elles sont très lues et appréciées dans l'aire de diffusion du journal.


Eune leuctrice, eussolée, reupond !

" Ya longtemps qu'j'heusite à reuponde à l'annonce d'Unicette, numeuro 166, du 13 mai. J'eu pas oseu teuleuphoneu au journa. Mais, je m'seus deucideue à eucrire pace que j'eum'reus bin rencontreu l'jeune gars de cinquante toués z'ans qu'est comme ma et qui n'n'a mare d'éte tout seu. Bon ! Bin v'là. J'seus pas bin belle de prés, mais j'seus belle de loin. Ma eutou, j'eume bin la nature, l'z'animaux, l'cineuma. Mais j'eume point le sport, à la teuleu. J'eume point bin la teuleu. Et pis ya rin d'bon à vé : que d'la misère et bin d'" autes choses ", si vous veuyez bin c'que j'vieux dire.
J'seus tout pien motivée. Mes z'eufants sont tireus d'affaire. Pou c'qu'est du meunage, dans l'temps, j'euteus putôt " avantageuse " : j'agiteus bin l'torchon. À c't'heure j'm'assis d'ssus. L'frico n'm'eumeuille guére, eutou : eune coueune grillée do eune euchalotte, à meudion, ça calle en attendant dîn-neu.
Ya qu'un truc qui m'geune. À creure l'annonce, c'te gars-là va douce'ment l'matin et pas trop vite, le souére. Dame ! S'il est feugniant, va falleu qu'i s'mouve, pace que, ma, j'poureu pas l'dureu. Aveucque ma, faut qu'ça vione et qu'ça eupieute. Faura bin qu'i s'meutte au boulot et aux courses eutou. Faut qu'i compreunne ça tout d'sieute.
Pour c'qu'est d'z'affiniteus, bin n'entendu, on verra ça. Pace que ya un p'tit souci. S'i n'a core point trop piu su ma meurcerie, j'eu, tout d'mîn-me, deux fas l'âge souheuteu…. On peut toujous reuveu.
Bon ! Eh bin, j'compte su l'journa pou transmeutte au gars Deugrippes. Pou v'ni m'vé, ya qu'a teuleuphoneu. "
Signeu : la Mad'leune.

"Il y a longtemps que j'hésite à répondre à l'annonce d'Unicette, numéro 166, du 13 mai 2004. Je n'ai pas osé téléphoner au Publicateur Libre. Mais, je me suis décidée à écrire parce que j'aimerais bien rencontrer le jeune homme de 53 ans qui, comme moi, en a assez d'être seul. Bon ! Eh bien, voilà. Je ne suis pas très jolie de près, mais, je suis belle de loin. Comme lui, j'aime la nature, les animaux, le cinéma. Mais je n'aime pas le sport, à la télévision. Je n'aime pas la télévision. Il n'y a rien de bien à voir : que des gens en détresse et bien d' " autres choses ", vous voyez bien ce que je veux dire.
Je suis très motivée. Mes enfants ne sont plus à la maison. À propos du ménage, j'étais très active avant. Maintenant, j'en prends, j'en laisse. Préparer les repas ne m'effraie pas : de la peau de porc grillée avec une échalote permet d'attendre aisément le repas du midi.
Il y a quand même quelque chose qui me chagrine. D'après l'annonce, ce jeune homme va doucement, le matin, et pas trop vite, le soir. Dame ! S'il est fainéant, il faudra bien qu'il se remue, parce que je ne pourrais pas le supporter. Avec moi, il faut que ça tourne et que cela aille vite. Il faudra bien qu'il se mette au travail et qu'il fasse les commissions, aussi. Il faut qu'il comprenne cela tout de suite.
À propos des affinités, bien entendu, nous verrons cela plus tard. Parce qu'il y a un petit problème. Si je n'ai pas trop vieilli, j'ai tout de même, deux fois l'âge souhaité par le jeune homme… Je peux toujours rêver.
Bon ! Eh bien, je compte sur le Publicateur Libre pour transmettre à Bernard Desgrippes. Pour venir me voir, il faut téléphoner, avant.
Signé : Madeleine.

C'est bin que queuqu'un eut reuponu à mon n'annonce. J's'reus bé n'aise d'aveu son numeuro d'teuleuphone, pou vé si on peut s'accordeu…
C'est bien que quelqu'un ait répondu à mon annonce. Je serais content d'avoir son numéro de téléphone pour voir si l'on peut s'entendre…..
C'ment qu'ça va ?

- Alors Victor, c'ment qu'ça va, à matin ? Ya queuque temps qu'on n't'aveut pas vu !
- Oh, tu seus, Maurice, de c'te temps, ça va tout doux ! Seus-tu bé l'âge que j'eu à c't'heure ? Combin qu'tu m'donnes ? Souéxante-quinze ? Tu yes pas. J'eu yu quatre-vingt-toués, ya huit jous passeus d'vendeurdi. Tu seus, Maurice, faut aveu pitieu des vieux qu'ont d'l'âge !
- Alors, Aleuxis, c'ment qu'ça va, à matin ?
- Eh bin, mon gars Maurice, ça n'va guére mieux que l'temps ! C'est pitieu d'vé autant d'iau ! Et l'barométe qui baisse core ! Deucqu'c'est qu'on va dev'ni si on peut pas s'meu l'maïs?
- Tiens, boujou Eurneusse. C'ment qu'ça va à matin ?
- Oh, tu seus, Maurice, c'est comme d'habitude: douss'ment l'matin, et pas trop vite eul'souére !
- Te v'là bin matinal, Joseu, à matin ! S'reus-tu tombeu du lit ?
- Non, mais tu seus, deud'pés toués jous, je seus peurdu d'rhumatisses, et j'eu core pus mal quand j'seus au lit que quand j'seus d'bout. Je souffeur le martyre. J'eu mal partout, mîn-me dans les genoués. Mais ça, c'est signe d'iau !
- Tiens, v'là Marceul. Ça n'a pas l'air d'alleu ?
- Eh bin, non. Hieur au souér, en rentrant de cheu la Marie Lagoutte, ma conscrite, j'teurveucheus un p'tit qua, tu seus bin c'que j'vieux dire. Eh bin, j'eu pas pu m'rende jusque cheu ma. C'est la mére qui m'a ramm'neu à la meuson, dans la beuroueutte ! O n'a pas pris d'gants pour m'charreuyeu. Alors, à matin, je seus coffi d'partout !...

- Alors Victor, comment vas-tu ce matin ? Il y a longtemps que l'on ne t'avait vu !
- Oh, tu sais, Maurice, en ce moment cela va doucement. Sais-tu quel âge j'ai ? Combien ? Soixante-quinze ans ? Tu n'y es pas. J'ai eu quatre-vingt-trois ans vendredi de la semaine dernière. Tu sais, Maurice, il faut avoir pitié des personnes âgées !
- Alors, Alexis, comment vas-tu ce matin ?
- Eh bien, mon ami Maurice, je ne vais guère mieux que le temps ! C'est dommage de voir autant d'eau tomber ! Et le baromètre qui continue à baisser ! Que va-t-on devenir, si l'on ne peut pas semer le maïs ?
- Tiens, bonjour Ernest, comment vas-tu ce matin ?
- Oh, tu sais, Maurice, doucement le matin et pas trop vite le soir !
- Te voilà bien matinal, Joseph, ce matin ! Serais-tu tombé du lit ?
- Non, mais tu sais, depuis trois jours, je suis perclus de rhumatismes, et j'ai plus mal au lit que quand je suis debout. Je souffre comme un martyr. J'ai mal partout, même dans les genoux. C'est signe d'eau!
- Tiens, voilà Marcel. Cela n'a pas l'air d'aller ?
- Eh bien, non. Hier soir, en rentrant de chez Marie Lagoutte qui a le même âge que moi, je marchais un peu de travers, tu vois ce que je veux dire. Eh bien, je n'ai pas pu aller jusqu'à la maison. C'est ma femme qui est venue me chercher, avec la brouette ! Elle n'a guère pris de précautions. Alors, ce matin, j'ai de nombreuses ecchymoses!...

Dans l'jardrin

- Dis, Geurmeune, on n'a bin fricoteu, cheu ta, à midi. Falleut pas t'meutte dans les frais comme ça, pour nous z'autes. Bon, pendant qu'les bonhommes vont vé aux bétes, tu vas nous feure vé ton jardrin. I deut ête biau !
- C'est pas de r'fus. Tu seus bin, Marie, que l'tien est bé mieux qu'mon mien. Aveucque toute l'iau qu'a chu ces deurnieus temps, ya yu des deugâts ! Et pis ça va deupâtilleu !
- Bon, alleu, on n'y va. On va bé vé. Tu seus bin qu'on n'est pas des gens à maniéres. C'est t-i tes naviaux ? I n'ont pas bé l'veu. Tu seus, si tu n'meuts pas d'engrais ! Ah bin dis don, tes tomates sont malades. Cheu ma, j'eu pas yu l'mildiou. J'en mange tous les jous.
- Eurgarde mes patates, Marie. O sont pas vileunes, tout d'mîn-me ?
- Oui, mais tu vas aveu des doryphores. J'en vé déjà queuques z'uns, dans les b'zas. Ma, j'eu treuteu. Tu seus, Geurmeune, à c't'heure, faut saveu c'qu'on vieut. Faut tout treuteu. Sinon, t'as pus rin d'bin ! T'as feut d'z'haricots nains ? Mais, c't'année, Geurmeune, falleut feure des z'haricots à rames. Ma, je n'n'eu feut toués grandes pianches. J'vas pouveu feure des conseurves pou c't'hivé. Et pis, pou rasséreu les z'haricots à rames, t'as pas à t'baisseu. J'creuyeus qu't'aveus ma aux reinquieus ?
- Tiens, eurgarde ma salade, si o n'est point belle ! Je n'eu en vieux-tu, en v'là !
- Oui, mais o c'mence à monteu. C'est pas la peune d'en s'meu tant à la feus, si c'est pou la donneu aux cochons. Eurgarde, tu n'n'as pou toute la commune !
- Eh bin v'là, Marie, j'eu rin d'aute à t'montreu. Tiens, j'creus bé qu'les bonhommes renteurent des champs. D'vant que d'parti, vous z'alleu bé prende eune soutée d'queufeu. J'eu euteu bé n'aise d'vous z'aveu an'hui. On n'a bin parleu. Et pis ta, Marie, t'es jamins en peune d'euxcés dire !......

- Dis, Germaine, nous avons bien mangé, chez toi, ce midi. Il ne fallait pas faire autant de frais pour nous. Pendant que les hommes vont aller voir les bestiaux, tu vas nous montrer ton jardin. Il doit être beau !
- C'est d'accord. Mais tu sais bien que le tien est mieux que le mien ! Avec l'eau qui est tombée ces jours-ci, il y a des dégâts. Et puis, la terre va coller aux chaussures !
- Bon, allez, on y va. Nous verrons bien. Tu sais, nous ne sommes pas des gens maniérés. Ce sont tes navets ? Ils n'ont pas bien levé. Il faut mettre des engrais ! Tes tomates sont malades. Chez moi, je n'ai pas eu le mildiou, cette année, et j'en mange tous les jours.
- Regarde mes pommes de terre, Marie. Elles ne sont pas vilaines ?
- Oui, mais tu vas avoir des doryphores. J'en vois déjà quelques-uns, sur les tiges. Moi, j'ai traité. Tu sais, Germaine, il faut savoir ce que l'on veut. Il faut tout traiter, sinon, tu n'as plus rien de bien ! Tu as semé des haricots nains ? Mais cette année, il fallait faire des haricots à rames. J'en ai fait trois grandes planches. Je vais pouvoir en mettre en bocaux, cet hiver. Et puis, pour ramasser les haricots à rames, tu n'as pas besoin de te baisser. Je croyais que tu avais mal aux reins ?
- Tiens, regarde ma belle salade. J'en ai énormément !
- Oui, mais elle commence à monter. Ce n'est pas la peine d'en semer autant à la fois, si c'est pour la donner aux porcs. Regarde, tu en as pour toute la commune !
- Eh bien voilà, Marie, je n'ai rien d'autre à te montrer. Je crois que les hommes rentrent des champs. Avant de partir, vous allez bien prendre un café. J'ai été contente de vous recevoir. Nous avons bien parlé. Et toi, Marie, tu as toujours des commentaires à faire !.....

Aveucque des luneuttes

- Tiens, Victor, t'as des luneuttes, à c't'heure ? C'est nouviau ! Deud'pés quand qu't'as des luneuttes ?
- Ça feut huit jous. Ça deut feure, eugu'xactement huit jous passeus d'vendeurdi. J'en seus que d'mieux. J'eu bé d'trop attendu pou eunn'n'aveu. Mais bon, tu seus c'que c'est, on n'heusite toujous. Surtout la peurmieure fas ! Mais au moins, à c't'heure, je r'connais l'monde. Et pis, j'peux compteu et r'compteu mes sous, tout seu, comme i faut, sans m'deutrompeu. Mais tu seus bin, j'vas t'dire queuque chouse : " T'as biau aveu des luneuttes toutes neuves, ça n'grossit pas les chiffes pour autant ! "

- Tiens, Victor, tu portes des lunettes, maintenant ? C'est nouveau ! Depuis quand en portes-tu ?
- Cela fait une semaine. Cela fait, exactement, une semaine passée depuis vendredi dernier. Mais, je suis mieux maintenant. J'ai certainement trop attendu. Mais, tu sais ce que c'est, on hésite toujours, la première fois ! Mais, maintenant, je reconnais les gens. Et puis, je peux faire mes comptes, moi-même, comme il convient de le faire et sans me tromper. Mais, tu sais, je vais te dire quelque chose : " ce n'est pas parce que tu portes des lunettes que les chiffres sont plus importants et que tu es plus riche !
"

Bétôt l'z'euleuctions

- Dis Feulisse, j'eu ouï dire que t'alleus t'eurporteu, core un coup, aux porcheunes z'euleuctions. C'est t-i vreu ? T'eumes bé t'occupeu d'z'autes, tu reusses pas les deux pieuds dans l'mîn-me sabiot. Alors yeunne n'n'a qu'euspeurent que tu vas r'parti.
- Je n'seus core pas c'que j'vas feure. Tu seus, à l'âge que j'seus, vaureut bé mieux que j'reuss'reus feure eul'fourbi à la meuson. D'autant qu'ya la presse pou prende ces piaces-là. Faut laisseu les jeunes vé c'que c'est. Et pis, faut t-i pas qu'ça change un p'tit qua ! D'un n'aute côteu, à prende les mîn-mes et à r'c'mmenceu, on n'est sûr de n'rin changeu ! Ah, j'seus d'accord aveucque ta, c'est pas aiseu d'prende des deucisions !

- Dis, Félix, j'ai entendu dire que tu allais te représenter, encore une fois, aux prochaines élections. Est-ce vrai ? Tu aimes bien t'occuper des dossiers, tu ne restes pas les deux pieds dans le même sabot. Alors, nombreux sont ceux qui espèrent que tu vas te représenter.
- Je n'ai encore rien décidé. Tu sais, à mon âge, il serait plus raisonnable que je reste travailler chez moi. D'ailleurs, il va y avoir de nombreux candidats. Alors, il est préférable de laisser les jeunes voir de quoi il s'agit. Et puis, il serait bon qu'il y ait du changement ! D'un autre côté, si vous reprenez la même équipe, vous êtes certain de ne rien changer ! Ah, je suis d'accord avec toi, ce n'est pas aisé de prendre des décisions !

Pas trop d'moutarde !

- Dis don, Françouése, ta téte de viau, ol est bin quieute, ol est bin gouleuyante, mais t'as oublieu queuque chouse. C'est la moutarde. La téte de viau, ça s'mange do d'la moutarde !

- Oh, Joseu, aveucque ta, ya toujous queuque chouse qui va pas. C'est l'cide qui s'reut meuilleur sans z'iau, c'est l'lard qu'est pas asseu saleu, c'est l'omm'leutte qui manque de pouévre. Aprés, c'est trop quieut ou ça yest pas asseu ! Et pis, an'hui, c'est la téte de viau qu'a pas d'moutarde. Eh bin, en v'là d'la moutarde ! Et deucqu'c'est qui manque core ? Mais tu seus bin, Joseu, qu'à ton n'âge, la moutarde, c'est comme l'aveune de cureu, i n'en faut pas d'trop. Et pis ma, j'vieux dormi, c'te neut. Qui c'est qui va g'nouilleu, d'main, pou rasséreu les peures de P'tit Plant d'Blanc, hein ? C'est pas ta !

- Dis donc, Françoise, la tête de veau est bien cuite, elle est bien bonne, mais tu as oublié quelque chose. C'est de mettre la moutarde sur la table. La tête de veau, cela se mange avec de la moutarde !

- Oh, Joseph, avec toi, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. C'est le cidre que tu préfères sans que j'ajoute de l'eau, c'est le gras de porc qui n'est pas assez salé, c'est l'omelette qui manque de poivre. Après, c'est trop cuit, ou pas assez ! Et puis quoi encore ? Mais tu sais bien, Joseph, qu'à ton âge, la moutarde, c'est comme " l'avoine de curé ", il ne t'en faut pas trop. Parce que moi, j'ai besoin de dormir, la nuit. Et demain, qui va ramasser, à genoux, les poires de " Petit Plant de Blanc " ? Ce n'est pas toi !

Dans l'poulailleu

Feulisse, tu seus pas c'qu'on m'a dit, à matin ? A c'qu'i paraît, l'pére Bouétiaux, d'la Bouéte, il a entendu du brit dans son poulailleu. Il est t'alleu vé, i n'a rin vu de speucial et il a feurmeu la porte, comme d'habitude. Mais c'est t-i qu'i n'a pas feut attention, ou c'est t-i qu'i n'y vét pus, eh bin, tu vas m'creure s'tu vieux, il a enfeurmeu un r'nard dans l'poulailleu. Il aveut dix-neu poules. Pendant la neut, o z'ont toutes yu la téte coupée! Eh bin, i gricheut du papot, l'gars Feulisse quand qu'il a vu l'carneuge. Mais, c'est qu'le r'nard euteut core là. Yaveut pus qu'li d'vivant. Gars Feulisse courit bin vite cheurcheu sa peutouére et i tuit l'maudit goupi ! Mais ça n'l'a pas consoleu, pace que l'pére Bouétiaux, i t'neut autant à ses poules, que ta, à ton lit !

Félix, j'ai appris une bien bonne nouvelle, ce matin. Monsieur Bouétiaux, de la Bouéte, a entendu du bruit dans son poulailler. Il est allé voir, n'a rien remarqué de spécial et il a fermé la porte comme d'habitude. Mais est-ce qu'il n'a pas fait assez attention, ou est-ce qu'il n'y voit plus, eh bien, tu vas me croire si tu veux, mais il a enfermé un renard dans le poulailler. Ses 19 poules avaient eu la tête coupée au cours de la nuit ! Quand il a vu le carnage, il n'était pas content. Mais, en plus, le renard était toujours dans le poulailler. Monsieur Bouétiaux est allé bien vite chercher son fusil et a tué le goupil. Mais, M. Bouétiaux n'est pas satisfait pour autant, car il tenait autant à ses poules, que toi, à ton lit !