LA TRADITION DU
LAIT DE MAI
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La nuit du 30 avril au 1er mai était, dans la tradition populaire,
chargée de symboles. C'est ce moment qui marquait le passage des rigueurs
de l'hiver vers la douceur du printemps, du sommeil de la nature vers le
renouveau.
A l'origine, au cours de cette nuit, les jeunes gens plantaient un arbre vert décoré en l'honneur de Maïa, déesse romaine de la terre, fille d'Atlas et mère de Mercure. Cette coutume évolua au fur à mesure du temps pour arriver à la coutume du "Mai" qui consistait, pour les jeunes hommes, à déposer devant la porte des filles à marier des branches qui avaient un langage. Si certaines essences étaient souhaitées, d'autres l'étaient beaucoup moins. Un bouquet de fleurs des champs équivalait à une déclaration d'amour. L'épine blanche célébrait la virginité et le sapin était un gage d'amitié et de respect. Par contre, la ronce dénonçait un mauvais caractère et le houx exprimait le dédain et le mépris. Une vertu douteuse était fustigée par une branche de sureau ou par l'association d'une carotte avec deux pommes de terre ou deux oignons. Dans la soirée du 31 avril, les Normands balayaient le seuil de leur maison et y répandaient des cendres de l'âtre pour attirer la prospérité sur le foyer. La rosée qui couvrait le sol au matin du 1er mai était réputée bénéfique et elle était censée blanchir le linge taché d'humidité. Les vaches qui l'absorbaient donnaient un "lait de mai" chargé de vertus thérapeutiques qui se transmettaient au "beurre de mai" baratté le jour même. Un linge chargé de rosée servait à nettoyer le pis des vaches, cette action devait les rendre plus productives. Dès le Moyen Âge, le "beurre de mai" était conservé tout au long de l'année pour aider à la cicatrisation des plaies des animaux et parfois des humains. II y avait deux façons de le préserver, soit en enduisant une toile que l'on coupait à la demande, soit en collant au plafond une boule du précieux onguent dont on prélevait une petite portion au fur et à mesure des besoins. Mais, plus simplement, la consommation du "lait" et du "beurre de mai", en ce premier jour du mois, était l'occasion de fêter la renaissance de la nature symbolisée par le retour des vaches dans les pâturages. On se retrouvait en famille ou entre amis pour une promenade agreste au terme de laquelle on s'arrêtait dans les fermes. Certains éleveurs apposaient un écriteau où l'on pouvait lire "lait champêtre à toute heure." Voltaire qui suivait la tradition dans la région de Rouen, écrivait à une amie, en 1723, : "Dites à Mademoiselle Lecouvreur qu'il faut qu'elle hâte son voyage si elle veut prendre du lait de la saison". Dans notre région, cette coutume fut très vivante jusqu'à la guerre de 14-18. Outre les particuliers, toutes les associations, quelle que soit leur activité, organisaient des promenades et des pique-nique. Aujourd'hui, seule la Société Régionaliste Normande Alfred Rossel perpétue la tradition, elle est cependant ouverte à la participation d'autres associations qui souhaiteraient se joindre à cette journée champêtre. Société régionaliste normande Alfred Rossel. Alain et Christiane Jeanne. en savoir plus sur l'association Alfred Rossel. |