Lexiques
spécifiques
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Vocabulaire des pluies normandes
par Daniel Bourdelès
Le 26 octobre 2013, France-Inter et Philippe Meyer ont consacré une chronique à cette rubrique des pluies normandes dans l'émission "La prochaine fois je vous le chanterai".
40 termes pour évoquer les pluies...
On dit que les Inuits peuvent exprimer la neige avec plus de 20 mots différents, tout comme ils désignent la glace d'un nom différent selon son degré de résistance. C'est sans doute la même chose chez les Touaregs quand ils évoquent le désert. A chacun son environnement : en Normandie, convenons que la pluie fait référence ! Un jour ...de pluie, alors que nous élaborions près du feu quelques projets de chansons, Marcel Dalarun entama une envolée sur le vocabulaire des pluies. Depuis, nous complétons tous ensemble cette rubrique et nous vous invitons à nous envoyer vos trouvailles. Chaque mot qualifie un type de pluie bien défini, même s'il semble y avoir ressemblance entre certains termes. Ouvrez vos pépins ! "Rouogie du matin met la mare oû quemin. Rouogie du sei met la
mare à sé."
les brouillards
Dictons : "Breune dauns la vallée, fais ta jouornée, breune sus les
mounts, reste à la maisoun." "Broussins dauns les avents, byin des poumes ès
Normaunds."
les crachins
"Mucre" vient du scandinave "mygla" (moisissure) et "mykr" (fumier). "Ramucri" est un verbe toujours usité chez nous qui signifie mouiller le linge pour le repasser. A la fin du 12e siècle, on note l'existence du mot "broeine" (bruine). Au 14e siècle, on trouve les traces des mots "broe" et "broue" (brouillard blanc).
les petites pluies
les averses
"Puchie" vient du normano-picard "puch", issu du latin "puteum" (puits). "Achanée" vient de "chaable" (situé en 1080), issu du latin populaire "catabela" qui signifie "bois abattu par la force du vent". "Chaable" a donné "chaant", lequel a donné "cheoir" (choir, tomber).
les fortes pluies
(Si votre "parapie" a résisté jusqu'ici !)
"A beda" vient de "bédache" (la bedaine) et évoque donc le contenu d'un gros ventre. Pour la petite histoire, la "bedondaine" est, vers 1845, une sorte de cornemuse à grosse panse ! Une "trapinaée", c'est une grande quantité car c'est le contenu d'un grand panier en osier: le trapin. Il s'agit d'un mot francique, tout comme "trappe" en français. Trappe voulait d'abord dire piège (trou recouvert de branchages) avant d'être une ouverture dans un plancher.
Après la pluie
Dans son "Folklore de Guernesey", Marie de Garis énumère un grand nombre de dictons relatifs au temps qu'il fait. Choisissons cette série sur la prophétie de l'arc-en-ciel :
Un autre dicton entendu à Carteret :
Cette rubrique prouve que le normand possède un vocabulaire plus riche, et surtout beaucoup plus imagé et précis que le français en ce qui concerne les éléments concrets de la vie quotidienne (nature, maladies, etc...). Par ailleurs, les innombrables dictons constituent à eux seuls une mine d'informations sur le vocabulaire populaire. Ne trouvez-vous pas cette lapalissade normande pleine de bon sens : "Quaund il plleut, ch'est sène de mâovais temps" ? Allez, ne vous laissez pas troubler par ces évocations humides : sous le soleil, la Normandie demeure l'une des plus belles régions qui soient !
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