La langue normande |
Caractéristiques de la langue normande
"Le vocabulaire d'une langue, c'est l'herbier de toute une
culture."
Charlotte Vinsonneau (Géo, oct. 2003)
Une langue à part entière
H. Gancel, dans l'intro de "V'n-ous d'aveu mei ?", nous rappelle une chose importante : "Jusqu'ici aucun livre ne vous a proposé un enseignement de la langue
normande. Or, beaucoup de Normands pensent parler ce qu'on leur dit être un patois, c'est-à-dire une langue vulgaire, une sorte de mauvais français
déformé par leur ignorance. Ceci est faux. Ce que parlent vos parents, vos grands-parents, ce qu'ont parlé vos pères est bel et bien une langue comme
toutes les autres. Soyez-en convaincus. (...) Vous en découvrirez l'originalité et la richesse. Notre langue, comme les autres, se parle et s'écrit.
Ainsi très bientôt vous pourrez parler, lire, écrire notre normand, d'une façon spontanée et naturelle."
Jacques MAUVOISIN, universitaire et spécialiste du sujet, ancien président de l'Association de Défense et de Promotion des Langues d'oïl (DPLO), a organisé quelques conférences sur la langue normande. Voici un résumé des points essentiels qu'il développe : Le normand est une langue à part entière, ce qui est prouvé par:
Le normand sur France Bleu Cotentin
Deux chroniques sont consacrées chaque semaine à la langue normande sur
Fréquences : 100.7 à Cherbourg, 99.9 à Carteret, 95.0 à St-Vaast, 101 à St-Lô, 95.7 à Coutances. Ici, toutes les chroniques de Rémin sur France Bleu Un riche vocabulaire
Découvrez un exemple saisissant de la richesse du normand en parcourant le
vocabulaire des pluies !
Pour illustrer encore la précision de la langue, voici un extrait de Flleurs et plleurs dé men villâche (page 124), roman autobiographique d'André Smilly :
Lire et écouter aussi un autre
extrait de ce livre.
Aundré Smilly (H. Gancel) - Flleurs et plleurs dé men villâche, 260 pages. Roman en normand intégralement traduit en français en bas de pages. En vente exclusive dans notre boutique. Quelques règles de prononciation
Citons Barbey d'Aurevilly...
Ce grand auteur explique et justifie l'emploi du normand dans son roman
"Une vieille maîtresse" (lettres à Trébutien):
"Vous verrez que je n'y parlerai pas normand du bout des lèvres, mais hardiment, sans bégaiement, comme un homme qui n'a pas désappris la langue du terroir dans les salons de Paris et qui parle, comme un descendant des pêcheurs, pirates "d'azur à deux barbets adossés et écaillés d'argent". J'ai déjà dit deux mots de ma vieille Normandie. La côte de la Manche est peinte à grands traits dans le second volume de Vellini, et les poissonniers y parlent comme des poissonniers véritables. Est-ce que Shakespeare, s'il avait été normand tout entier au lieu de l'être à moitié, aurait eu peur de notre patois ?.. Vous verrez quelle langue c'est, et quel patois !" Le normand, langue officielle des îles Anglo-normandes.
"Le normand a été la langue officielle de la cour d'Angleterre
jusqu'au milieu du 14e siècle. Il constitue encore aujourd'hui
la langue officielle, judiciaire et administrative des Iles
Anglo-normandes. Le normand a donné à la langue anglaise une bonne partie
de son vocabulaire ! (cat, chair, candel, garden, can, fork...)" (Le
MONDE du 10/12/85)
Si vous croyez encore que le normand n'est qu'une pâle copie du français,
allez donc à Jersey et rencontrez quelques anciens de l'île. La plupart
ne connaissent pas un mot de français. Ils s'adressent à vous dans leurs
deux langues maternelles : l'anglais et le jerriais, cette variante du
normand qui a traversé les siècles. C'est à la fois étonnant et
émouvant.
Les mots normands au Québec
Guillaume Marois, un correspondant du Québec, nous donne des informations
à ce sujet : " Je m'intéresse depuis un certain temps déjà à la langue normande, et j'ai remarqué qu'aucun site ne mentionne le fait que plusieurs expressions et mots normands sont encore bien présents au Québec. La raison en est simple : la Nouvelle-France fut peuplée essentiellement de Normands. Comme l'Angleterre a pris le contrôle de la colonie pas longtemps après, la langue normande n'a pu être complètement rayée du langage local par le biais des politiques d'assimilation au français par les autorités françaises. Cette langue a fortement influencé le parlé des Québécois. De plus, notre prononciation de certains mots est très similaire. Voici une petite liste :
Par ailleurs, Hugo Voisard, étudiant en traduction à l'Université Laval,
au Québec, nous propose un glossaire
des mots normands en usage au Québec. C'est très instructif. L'Atlantique
nous sépare mais une de ses conclusions nous rapproche assurément :
" Il serait peut-être bon de faire comprendre aux Québécois, dont
le complexe perdure, que leur langue et leur prononciation n'ont rien de
vil ou de honteux. "
L'enseignement du normand
il n'existe plus qu'une seule classe de normand au collège des Pieux.
Elles est animée par Rémi Pézeril. A noter que les classes de normand
qui existaient dans les collèges de la Manche ont
disparu, malgré la demande des parents et des élèves, en raison d'une
réduction insupportable des moyens accordés. Comment faire mourir une
culture? A vous d'en juger...
L'ouverture de ces cours facultatifs est subordonnée à l'inscription volontaire de 15 élèves au minimum (classes de 6e et de 5e). Des supports pédagogiques sont disponibles pour les enseignants intéressés. Lire aussi l'article "l'enseignement du normand est moribond" par Rémi Pézeril.
Depuis la sortie du disque "Caunchounettes normaundes", les
enseignants et les enfants disposent d'un excellent support d'apprentissage
de la chanson normande avec CD, cahier de partitions et livret
pédagogique. La photo ci-dessus présente les enfants de Pierreville,
St-Germain-le-Gaillard et du Rozel en concert à Jersey dans le cadre de la
Fête des Rouaisouns.
Une exposition itinérante
Les magazines
Plusieurs magazines consacrent régulièrement des pages ou des articles à
la langue normande. Voici les principaux :
La Fête des Rouaisouns
Cette manifestation permet de rassembler toutes les communautés
d'expression normande, des Iles anglo-normandes à la Seine-Maritime, en
passant par tous les terroirs de Normandie. Elle a été mise en oeuvre par
Jean Margueritte (journaliste de renom à la Presse de la Manche) et
l'association Montebourg-Guernesey qui ont concrétisé ce que bien des
acteurs de la langue normande souhaitaient depuis longtemps.
Cette grande fête se déroule tous les ans en un lieu différent : Montebourg (1998), Jersey (1999), Guernesey (2000), Coutances (2001), Jersey (2002), Guernesey (2003), Bayeux (2004), Jersey (2005), Bricquebec (2007), Jersey (2008), Guernesey (2009), Pays de Caux (2010), Jersey (2011), Guernesey (2012) et Quettehou (Val-de-Saire) les 25-26 mai 2013. Ce regroupement haut en couleurs et en musiques permet de rencontrer et d'écouter des chanteurs, des écrivains et des conteurs fédérés par une passion commune : la langue du pays.
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