Le 1er février 2025 à l’Abbaye aux Dames, à Caen, Édouard de Lamaze, Conseiller régional, n’hésita pas à dire « Utilisons le vocable langue normande ». Sauvegarder et valoriser : quel est le bilan des actions soutenues par la Région ? Résumé.
Paul de Sinety, directeur de la DGLFLF (Ministère de la culture), présenta la revue Langues et cité sur les parlers normands, premier numéro consacré à une langue d’oïl. Trois tables rondes étaient organisées.
Patrice Lajoye (Université de Caen) a recherché et mis en ligne un corpus de 2 000 textes d’avant 1914 comportant du vocabulaire en normand, titré « Paroles de Normands ».
Rémi Pézeril, président de la FALE, Fédération des Associations pour la Langue normande a présenté l’action menée en 2024 : 1 400 fichiers de textes d’écrivains du XXe siècle ont été collectés par Michel Le Bas. Un classeur « Cours de normand » avec des fiches pédagogiques de dialogues, textes et jeux a été édité en cent exemplaires, réalisé par Renaud Girard professeur au collège de Bricquebec / Bricbé. Lors des cafés normands, qui sont devenus des veillées très suivies à Domfront, on retrouve des expressions populaires telle que : « L’amour embône et l’mariage deubône : L’amour te rend aveugle et le mariage te fait revenir à la réalité » ! Plusieurs panneaux d’entrée de ville en normand ont été posés. La FALE a un salarié depuis le 1er juillet 2024, Guy Paumelle, qui a un bureau à la Citis d’Hérouville.
Christophe Maneuvrier est responsable du nouveau D.U.E.N., Diplôme Universitaire d’Études normandes ouvert à tous avec trois modules : histoire, droit, dialectologie. C’est un succès ! Stéphane Laîné (La Fabrique du Patrimoine)numérise le vocabulaire normand des 5 vomumes de l’Atlas Linguistique Normand (ALN) : « Il sera possible de consulter les cartes avec un moteur de recherche. L’atlas sera enrichi de documents sonores et visuels du fonds d’archives de l’auteur de l’atlas, Patrice Brasseur ». Maud de Bohan (France 3 Normandie) a présenté le programme « Ça bacouette » qui connaît un grand succès avec déjà 24 modules consacrés aux mots normands passés en français. Par exemple crevette. Bacouetter signifie bavarder. Les épisodes sont accessibles sur YouTube après leur diffusion sur France 3.
« C’est un combat pour les maisons d’édition de publier en langue d’oïl », affirme Sophie Noël, directrice de Normandie Livre et Lecture. Des livres bilingues ont été édités par Le Pucheux, par Magène (voir www.magene.fr), par l’OREP : Apprendre le normand en 30 jours (réédition de V’n-ous d’aveu mei ? méthode d’H. Gancel, 1984) et P’téte bin qu’oui, 850 expressions du Domfrontais, recueillies par Bernard Desgrippes.
Séverine Courard, Éditions Skjaldmö, a publié des livres pour débutants bien illustrés, Comme disent les Normands etMes premiers mots en normand et des contes bilingues Le leu (Le loup) de Gilles Mauger et de Jean-Philippe Joly, La vaque et l’poumy.
Pour Grégory Pique, OREP Éditions, il faut s’adresser aux jeunes, utiliser la bande dessinée. Jean Fauchier Delavigneanime la Ferme culturelle du Bessin (FCB). Il est partisan de l’utilisation de l’Intelligence Artificielle pour développer la traduction automatique normand-français. Laurence Mathey, professeur à l’Université du Havre, étudie le voyage des mots de la Normandie à l’Angleterre. Pour le Millénaire de Guillaume en 2027, le but est de traduire la vie de Guillaume d’après Robert Wace (6 000 vers en normand-français écrits vers 1150), faire parler le Conquérant dans sa langue et organiser un colloque, l’Odyssée des parlers normands dans le monde.
En conclusion Hervé Morin, Président de la Région Normandie, remarqua que l’utilisation de mots normands n’est plus considérée comme péjorative. « On a créé une relation avec les Universités. L’Atlas Linguistique numérisé va être un grand succès ».
Jeannine Bavay et Rémi Pézeril