Glossaire normand – québécois

Glossaire normand-québécois Fondé sur le Dictionnaire du pays de Bray (1852)
de Jean Eugène Decorde (1811-1881)

Ce glossaire a été composé en comparant les données de quatre dictionnaires: un dictionnaire de normand, et trois dictionnaires de québécois (le TLFi et le Littré sont cités à une ou deux reprises).

  • [Clapin] Dictionnaire canadien-français (1894) de Sylva Clapin (1853-1928) – www.dicocf.ca
  • [Decorde] Dictionnaire du patois du pays de Bray (1852) de Jean-Eugène Decorde (1811-1881) – www.gutenberg.ca
  • [Dunn] Glossaire franco-canadien (1880) d’Oscar Dunn (1845-1885) – www.dicocf.ca
  • [GPFC] Glossaire du parler français au Canada (1930) de la Société du parler français au Canada – www.dicocf.ca

Les mots du dictionnaire de Decorde ont été extraits de façon aussi exhaustive que possible selon un critère: ils sont toujours utilisés en français québécois contemporain. Il est toutefois possible qu’en normand contemporain, certains mots cités ci-dessous soient complètement tombés en désuétude.

=== Avis ===

· Les mots sont présentés dans leur ordre d’apparition dans le dictionnaire de Decorde. C’est pourquoi garde-robe précède abrier.
· Même si les dictionnaires cités ont été publiés il y a bien longtemps, les mots ci-dessous sont toujours utilisés en français québécois contemporain. L’inverse peut ne pas être vrai pour le normand.
· Il est souvent arrivé qu’un mot se trouvait dans les trois dictionnaires de québécois. Dans ce cas, seul un (rarement deux) d’entre eux est cité.
· Il est du domaine du possible que des mots communs au français québécois et au normand relevés dans le dictionnaire de Decorde aient été oubliés. Par exemple, pour dresser la liste ci-dessous, il fallait savoir que Decorde écrit zius, mais que Dunn écrit zyeux pour le même mot.
· Le degré de vitalité des mots du français québécois peut varier. Par exemple, si maganer, grafigner et icitte sont toujours bien vivants, estatue ne paraît plus s’utiliser qu’en Acadie et jeunesse au sens de “jeune fille” n’est sans doute plus du tout utilisé des jeunes adultes.

Partie 1

· GARDE-ROBE. Ex.: Avez-vous un bon garde-robe? Note: Genre masculin au Québec.[Decorde]

· ABRIER, abriter. Les uns font venir ce mot du vieil allemand ad-bi-rihan, les autres du latin arbor. Nous ferons dériver tout simplement ce mot de abri, comme le verbe abriter. B.-N., H.-N., P. [Decorde]

· ABRIER. Vieux mot qui signifiait Mettre à l’abri. Est encore usité en Normandie et en Bretagne pour Couvrir, et S’abrier pour Se mettre à couvent. Nous l’avons aussi conservé dans l’acception de Se couvrir, lorsqu’on est au lit. [Dunn]

· ACCOUTUMANCHE, ACCOUTUMANCE, habitude. P. [Decorde]

· ACCOUTUMANCE, s. f., du verbe accoutumer. Habitude, coutume résultant d’une action réitérée, ou d’une sensation maintes fois éprouvée. S’emploie aussi dans le sens de caprice, fantaisie : – Vous donnez là, à votre enfant, une belle accoutumance, c.-à:-d. un caprice qui vous coûtera cher. [Clapin]

· ALUMÈTE, ALLUMELLE, lame de couteau sans manche.
· ALLUMELLE, s. f., du norm. alleumelle. Lame d’un instrument tranchant, et surtout lame d’un couteau. Un couteau à deux, trois allumelles. Chez plusieurs vieux auteurs français, on lit alemele, la lemele, etc. ” Hauteclere, dont tranche la lemelle. ” Gaydon [Clapin]

· ARIAS, contrariétés. Ex.: Il y a eu des arias pour son mariage. [Decorde]

· ARIA. Centre. de la France. Embarras, tracasserie. Faire beaucoup d’aria pour peu de choses. Est donné par Bescherelle. [Dunn]

· ASTEURE, à présent, à cette heure. P. [Decorde]

· HEURE. A c’t’heure. Centre. de la France. A cette heure. Je ne parlerai point à st’heure. Ai-je commencé dès ast’heure (Brantôme). Montaigne écrit asteure, asture. Voir: D’heure et Tarder. [Dunn]

· AVEINDRE, atteindre, tirer une chose d’un lieu. P. [Decorde]

· AVEINDRE, v. a., -du lat. advenire, arriver à, atteindre à. Tirer à soi quelqu’un ou quelque chose, prendre un objet à la place qu’il occupe habituellement ou accidentellement :- I faut l’aveindre de là, c.-à-d. le tirer de là.- J’peux pas l’aveindre, c.-à-d. je ne puis pas mettre la main dessus. ” J’en veur (veux) un (mari) qui pîsse (puisse) aveindre ès rouaies (solives). ” Rimes guernesiaises, p. 92. La forme primitive de aveindre semble avoir été avenir. L’on a dit déjà il avint, pour il atteignit, d’où probablement le mode infinitif aveindre, atteindre, Voir : Raveindre. [Clapin]

· AVEINE, avoine. [Decorde]

· AVEINE s. f. Avoine. Vx fr. – E fermé libre devant une nasale donne régulièrement ei. Aussi avena a-t-il donné aveine, comme halena a donné haleine et vena, veine. La forme régulière aveine se rencontre dans tous les anciens auteurs, et jusque dans La Fontaine: ” Deux mulets cheminaient, l’un d’aveine chargé.: ” J’ai ouï, dit Thomas Corneille. beaucoup de gens de cour dire aveine; à Paris, on le prononce partout ainsi. ” Dial. – M. s., Anjou, Bas-Maine, Berry, Bourgogne, Bretagne, Franche-Comté, Nivernais, Norman. die, Orléanais, Picardie. Fr. – Aveine est maintenant hors d’usage. quoique l’Académie, Littré et le Dict. gén. l’enregistrent. [GPFC]

· BARRURE. Voy. Barrage. [BARRAGE, clôture faite au moyen de pieux et de longues pièces de bois.] [Decorde]

· BARRURE s. f. 1° Barre (servant à barrer une porte, une fenêtre), verrou, serrure, fermeture. Ex.: Poser une barrure neuve à la porte. 2° Cloison, barre, qui sépare les stalles dans une écurie. 3° Stalle (séparation pour les chevaux dans une écurie). [GPFC]

· BER, berceau. [Decorde]

· BERS, ridelles d’un chariot. [Decorde]

· BERS. Berceau. Ce mot remonte au 13e siècle; il n’est plus dans le dict., mais il est généralement usité en Normandie et au Canada. [Dunn]

· BERS s. m. 1° Berceau. Ex.: C’est le bers de ma défunte mère = c’est le berceau dont s’est servie ma défunte mère. Vx fr. – M. s. Dial. – M. s. Anjou, Bourgogne, Bretagne, Champagne, Hainaut. Maine, Normandie, Orléanais, Picardie, Poitou. 2° Partie d’une charrette à foin qui est entre les ridelles. Dial. – Ber = partie de la voiture qui est entre les ranchers. Anjou, Orléanais. Fr. – Bers (pl.) = ridelles, côtés à claire-voie d’une charrette. Can. – Berceau = m. s. [GPFC]

· Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixe et du xxe siècle. [TLFi]

· BOUCANE, maison de chétive apparence. Ce mot vient de boucan, bordel. C’est à cause de la mauvaise acception de ce dernier mot qu’un cordelier de Dijon, nommé Boucan, changea son nom et se fit appeler Beauchamp.[Decorde]

· BOUCANE s. f. 1° Fumée. Ex.: La boucane de la cheminée. Dial. – M. s., Saintonge. 2° Vapeur d’eau. Ex.: L’eau doit bouillir, il sort de la boucane. 3° Boisson spiritueuse, whiskey, surtout whiskey de fabrication clandestine. [GPFC]

· BOUCAN s. m. Petite construction où l’on fait sécher à la fumée, où l’on boucane la viande. Dial. – Boucan = local où l’on boucane la viande, le poisson. maison remplie de fumée, Normandie. Fr. – Boucan = sorte de gril de bois sur lequel les Caraïbes fumaient leur viande, etc. Can. – Marc Lescarbot, dans son Histoire de la Nouvelle-France, écrit: ” Le boucan (c’est une grille de bois assez haute, bâtie sur quatre fourches) ” [GPFC]

· BOUCANER, quereller. Se dit aussi d’un fumeur qui aspire beaucoup de fumée à la fois. [Decorde]

· BOUCANER v. intr. Fumer. Ex.: La cheminée boucane = fume. – Des mets qui boucanent = qui fument, qui exhalent de la vapeur. [GPFC]

· BRICOLE, espèce de licou qu’on met aux vaches pour les empêcher de brouter les arbres. [Decorde]

· BRICOLE s. f. Bretelle, bande double sur l’une et l’autre épaule et qui soutient le pantalon, la culotte. Fr. – Bricole se dit de la bretelle de porteur d’eau, de portefaix, etc., ainsi que de la partie du harnais d’un cheval de trait sur lequel s’appuie le poitrail quand il va en avant. Can. – S’emploie surtout au pluriel. [GPFC]

· CANT (de), de coté, incliné. Voy. Acanté. B.-N. [Decorde] · CANT s. m. Chant, côté, partie la plus étroite (d’une pierre, d’une brique, d’une pièce de bois, etc.). Ex.: Mettre une pierre sur le cant, sur le chant. Vx fr. – On disait autrefois de cant, par opposition à de plat. Dial. – M. s., Normandie, Picardie. Fr. – Cant est la forme normanno-picarde de chant. Plusieurs dictionnaires français enregistrent cette forme. ” La plupart des dictionnaires écrivent à tort champ ” (Dict. gén.) [GPFC]

· CAPOT ou CAPOTE, espèce de mante de camelot, à l’usage des femmes. On ne la porte presque plus. [Decorde]

· CAPOT. “Etre capot, faire capot,” est correct; mais ce mot ne désigne pas en fr. un habit. Il semble difficile, cependant, de remplacer le bon capot canadien par un pardessus, un manteau, une capote, une houppelande, un paletot, un surtout, une redingote. [Dunn]

· CHICOTER, marchander, importuner. [Decorde]

· CHICOTER, v. a., Agacer quelqu’un d’une façon déplaisante. En Normandie, chicoter est usité dans le sens de ” marchander à outrance.” A rapprocher, aussi, de chacoter, qui veut dire, en Saintonge, ” tourmenter un morceau de bois avec son couteau.” [Clapin]

· CHICOTER v. tr. Tracasser, inquiéter, agacer, ennuyer. Ex.: Cette affaire-là me chicote = m’inquiète. Dial. – Chicoter = importuner, Normandie. Fr. – Pop., chicoter = disputer sur des bagatelles. [GPFC]

· Vx, pop. [TLFi]

· CLAQUES, espèce de chaussures de femme. [Decorde]

· CLAQUE s. f. Chaussure de caoutchouc qu’on met par-dessus la chaussure ordinaire pour se garantir de l’humidité, de la boue, etc., caoutchouc. Fr. – Claque = sorte de socque plat que les dames mettaient par-dessus leurs souliers pour se garantir de la boue. – Socque = chaussure de bois, de cuir, qu’on met par-dessus la chaussure ordinaire, pour se garantir de l’humidité .. -, Caoutchouc = chaussure de caoutchouc. Ce terme est peu usité. [GPFC]

· CLAQUES, s. f. pl., Doubles chaussures en caoutchouc, afin de préserver les bottines de la boue et de l’humidité. [Clapin]

· CLAQUE.1 – Nom d’une espèce de sandales que les femmes mettent par-dessus leurs souliers, pour se garantir de la crotte. Aux dominos que la dame rencontre Elle s’en va disant : ” Que je vous montre Monsieur Grognard, un franc original, Mon cordonnier qui prend des airs de bal. ” Lors d’un peu loin dirigeant ses attaques : ” Tenez demain, pour trois heures un quart, Mes souliers prêts ; entendez-vous, Grognard ! – Oui, mais pour vous, point de souliers, des claques, ” PONS (DE VERDUN), Contes et poésies, p. 68. – Littré · COQUERON, petit coquet. [COQUET, petite veillote; petit coq.] [Decorde]

· COQUERON s. m. Petite armoire dérobée pratiquée dans une maison et destinée à recevoir toute espèce de vêtements, de chaussures, etc. Fr. – Coqueron = petite chambre à l’avant de certains bâtiments de cabotage, et qui sert de cuisine, petite armoire pratiquée à l’avant ou à l’arrière d’une chaloupe. [GPFC]

· CRIQUET, grillon. [Decorde]

· CRIQUET, s. m., Grillon du foyer. [Clapin]

· DEMIARD, quart de chopine. H.-N. DEMI-GROS, quatre muids. Les aubergistes de Dieppe ont l’habitude d’acheter leur cidre au demi-gros; et, en dépit de toutes les lois sur les nouvelles mesures, ils ne consentent à se livrer dans le pays de Bray que dans des pièces frauduleuses qu’ils nomment tierçons. [Decorde]

· DEMIARD s. m. Mesure de capacité; demi-chopine. Dial. – Demiard = quart de litre, Normandie. [GPFC]

· DRET, droit. P. [Decorde]

· DRET, ETTE adj. Droit. Ex.: Malgré ses soixante-quinze ans, il est dret comme une flèche = il est droit … Vx fr. – M. s. Dial. – M. s. Anjou, Berry, Bourbonnais, Bourgogne, Franche-Comté, Maine. Nivernais, Normandie, Orléanais, Poitou. Saintonge, Savoie. [GPFC]

· DRET (tout), justement. [Decorde]

· DRET adv. 1° Droit. Ex.: Allez dret devant vous = droit devant vous. Vx fr. – M. s. Dial. – M. s., Anjou. Berry, Bourbonnais, Bourgogne. Franche-Comté, Maine, Nivernais, Normandie, Orléanais, Picardie, Poitou, Saintonge, Savoie, Sologne. 2° Précisément, justement. exactement. Ex.: Tu arriveras dret au bon moment = tu arriveras justement au bon moment. Vx fr. – Dreit = m. s. Dial. – Dreil = m. s., Normandie. 3° Tout fin dret = sans détour, droit au but. Ex.: Je lui ai raconté l’affaire tout fin dret = sans détour. Dial. – M. s. Berry. Nivernais, Orléanais, Poitou, Saintonge. 4° Dret-là = dans cet endroit, tout près. Ex.: Vous y êtes, c’est dret là = c’est tout près, c’est justement dans cet endroit. Dial. – M. s., Berry. Bourbonnais. Bourgogne, Nivernais. 5° Dret devant (quelqu’un) = ouvertement, sans cachotterie. Ex.: Elle soignait dret devant nous autres = sans cachotterie. [GPFC]

· ÉCORNIFLEUX, écornifleur. [Decorde]

· ÉCORNIFLEUX, EUSE s. m. et f. Indiscret qui se glisse chez les gens pour voir ce qu’ils font, pour entendre ce qu’ils disent. Dial. – Écornifleur = m. s., Anjou; écornifloux = m. s., Normandie. [GPFC]

· ESCOUSSE, secousse. [Decorde]

· ESCOUSSE, s.f., Un certain espace de temps, assez longtemps, quelque temps : – Vous en avez encore pour une bonne escousse. ” Eune bonne escousse. après, je sacoute encore. ” Cyr. de Bergerac, le Pédant joué, p. 337. [Clapin]

· ESTATUE, statue. H.-N. [Decorde]

· ESTATUE, s.f., Statue. ” Les estatues des gens argent e or, ovres de mains de humes. ” Lib. psalm., p. 176. [Clapin]

· ESTOMAC (mettre dans son), en parlant d’une personne qui place quelque chose entre sa chemise et sa poitrine. H.-N. [Decorde]

· ESTOMAC. Mettre dans son -. Normandie. Mettre entre sa chemise et sa poitrine. [Dunn]

· FLAMBE, flamme. P. [Decorde]

· FLAMBE, s.f., Flamme. Lueur se dégageant d’un incendie ou d’un corps quelconque en combustion. Du lat. flamma. L’intercalation du b dans flambe a lieu comme dans humble, comble, etc., dérivés de humilis, cumulus. On trouve indifféremment flambe et flamme dans les vieux dictionnaires, et le français actuel a conservé flamber, flamboyant, flambeau. ” Et dans mes couret (entrailles) il alume De la flambe. ” Louis Petit, Muse normande, p. 26. [Clapin]

· FRICOT, festin, et plus généralement toute espèce de met. Ex.: As-tu du fricot avec ton pain? P. FRICOTER, faire bombance. B.-N. P. [Decorde]

· FRICOT s. m. 1° Festin, repas extraordinaire. Ex.: Donner un fricot = donner un festin. Dial. – M. s., Berry, Bretagne, Forez, Lyonnais, Nivernais, Normandie, Provence. Fr. – Fricot = ragoût. 2° Fiasco, entreprise manquée. partie de plaisir manquée. Ex. : Faire fricot = faire fiasco. 3° Gâchis. Ex.: Le réservoir à eau a renversé dans le grenier, c’ est un fricot dans la maison = c’ est un gâchis … [GPFC]

Partie 2

 GOSSER, mentir par plaisanterie. H.-N. P. [Decorde]

· GOSSER v. tr. et intr. 1° tr. Travailler avec un couteau, tailler en menus copeaux (un morceau de bois). Ex.: Il a tout gossé la table = il a fait plusieurs coches dans la table. – Gosser des éclisses pour faire du feu = les tailler en menus copeaux … Can. – Chicoter = m. s. 2° intr. S’amuser à travailler le bois avec un couteau. Ex.: Il passe son temps à gosser = à tailler du bois avec un couteau. Dial. – M. s., Anjou, Aunis, Poitou. 3° tr. et intr. Courtiser (une jeune fille), conter fleurettes, flirter. Ex.: De ce temps- ci, il gosse Mlle X = il courtise Mlle X. – Il gosse avec une telle = il flirte avec elle. – Ils se sont sans doute raccordés, car ils ont gossé toute la soirée = ils se sont conté fleurettes … Vx fr. – Gosser = plaisanter. Dial. – Gosser (v. intr.) = railler, plaisanter, blaguer, Lyonnais, Saintonge. Fr. – Gausser, gosser = railler. Pop., gausser, gosser, conter des gausses, des gosses = mentir, faire des mensonges badins. 4° tr. Travailler, essayer de convaincre, obtenir quelque faveur. 5° tr. Revenir souvent à la charge pour obtenir de l’argent de (quelqu’un). 6° intr. Être avare, mesquiner, lésiner. il 7° intr. Envoyer gosser = envoyer se promener. Can. – Envoyer à la gomme, au balai = m. s. 8° tr. Faire. Ex.: Qu’est-ce que tu gosses? = qu’est-ce que tu fais? [GPFC]

· GOSSEUX, qui gosse. [Decorde]

· GOSSEUX adj. et s. m. 1° Qui gosse, celui qui gosse. (Voir : Gosser.) 2° Avare, mesquin, ladre. [GPFC]

· GOURGANNES, fèves de marais. H.-N. [Decorde]

· GOURGANE. Nom vulgaire d’une espèce de petite fève. En canadien, Bajoue de porc fumée. [Dunn]

· GRAFIGNER, gratter légèrement et sans cesse. P. [Decorde]

· GRAFFIGNER, v. a., dér. du vieux fr. graffe, signifiant griffe, stylet pour écrire. Egratigner, déchirer légèrement la peau avec les ongles, une épingle, etc. Outre grafigner, on trouve graphiner et égraphigner chez nombre de vieux auteurs. ” Monsieur le Roy, il n’y a plus moyen que je vous puisse grafigner. ” D’Aubigné. ” Il leur mordoyt les aureilles ; ils iuy graphinoyent le nez. ” Rabelais, Gargantua, 1.I, ch. XI, p. 36. [Dunn]

· ICHITE, ici; du latin hic. Sur les pierres tumulaires du XIIIe siècle, on trouve ichi. [Decorde]

· ICITE adv. Ici. ici. (Voir : ce mot.)Ex.: C’te maison-icite = cette maison-ci. – Venez icite = venez ici. – Par icite = ici, dans ce pays-ci. Vx fr. – M. s. Tallemant des Réaux cite ce distique d’un curé de l’Ile-de-France: ” Les marguilliers de Sainte-Marguerite Ont fait bouter cette verrière ycite. ” Dial. – M. s., Anjou, Berry, Maine, Nivernais, Normandie. Can. – Icit = ici (le P. Potier. au Détroit. en 1644). [GPFC]

· IOU? où? [Decorde]

· IOU (prononcer i-iou). Normandie. Où, en quel lieu? [Dunn]

· ITOU, aussi. Suivant une remarque de M. l’abbé Corblet, ce mot, qui semble venir du latin ita, etiam, dériverait du vieux français et tout, qui signifiait avec. P. [Decorde]

· ITOU ou ÉTOU. Ouest et Centre. de la France. Aussi. Tu vas à la ville, moi itou. Du latin etiam ou item. En anglais. Too. Le gros Thomas aime à batifoler, et moi je batifole itou (Molière). En Champagne. Étout. [Dunn]

· IOÙ, IOUSQUE, IVOUSQUE, loc. ad., Où, où est-ce que : – Iousque t’es, c.-à-d. où es-tu ? – Ivous que vous êtes, c.-à-d. où êtes-vous ? [Clapin]

· JEUNESSE (une), une jeune fille. P. [Decorde]

· JEUNESSE (une). Champagne, Normandie et Picardie. Jeune fille. [Dunn]

· JOUQUER, jucher. [Decorde]

· JOUQUER, JUQUER, v. n., Se dit des poules, et quelques autres oiseaux, qui se mettent sur un perchoir pour dormir. v. a., Jucher, placer quelqu’un ou quelque chose dans un lieu élevé ou peu commode. ” Il est toujou haut jouquay. ” Petit, Muse normande, p. 18. S’emploie aussi sous la forme réfléchie : – Se jucher, se percher. [Clapin]

· MAL-EN-TRAIN, souffrant. P. B.-N. [Decorde]

· MAL-EN-TRAIN adj. Indisposé. souffrant. Ex.. Il ne sort pas, il est mal-en-train. Dial – M. s. Anjou, Bas-Maine, Berry, Lyonnais, Nivernais, Normandie, Picardie, Suisse, Touraine. [GPFC]

· MAL INCOMMODE, fort incommode. [Decorde]

· MALCOMMODE adj. 1° Incommode. Ex.: Un outil malcommode. un logement malcommode = un outil incommode, un logement incommode. Dial. – M. s., Anjou, Bas-Maine, Champagne, Lyonnais, Suisse, Touraine. 2° Acariâtre, peu endurant, hargneux, d’humeur maussade, indocile; (enfant) tapageur, dissipé. Ex.: Un enfant malcommode = indocile. – Quand on vieillit, on devient malcommode = on devient peu endurant. Dial. – M. s., Anjou, Bas-Maine, Berry, Normandie, Suisse. [GPFC]

· MARCOU, chat mâle. B.-N. MARETTE, petite mare. P. [Decorde]

· MARCOU, s. m., Matou, gros chat. Au figuré, homme entretenu par une femme de mauvaise vie. Protecteur à gages d’une prostituée. ” Et de nuict n’alloit point criand Comme ces gros marcoux terribles, En longs myaulements horribles. ” Du Bellay, Epitaphe d’un chat. [Clapin]

· MARGANNER. V. Déganer. [DÉGANER, se moquer de quelqu’un en imitant ses actes ou ses paroles.] [Decorde]

· MAGANER v. tr. Maltraiter, malmener (quelqu’un). Ex.: Un écolier qui se fait maganer par ses camarades = qui se fait maltraiter. .. – Se maganer = se donner trop d’ouvrage. – Un cheval qui se magane = qui est trop ardent. Vx fr. – Maagnier, mahaner, mahaignier, magner = m. s. Dial. – Magner = m. s., Berry. Nivernais ; magagne = misère, Languedoc; magagnare = m. s .. Provence; magagnare = m. s., Italie. 2° Fatiguer, affaiblir (par la maladie. l’inquiétude), inquiéter. Ex.: Quand on veille tard, on est magané le lendemain matin = on est fatigué. – J’ai un rhume qui me magane = qui me fatigue. – A voir les yeux maganés = fatigués. – Maganer un cheval = l’excéder. Vx fr. – Mahaigner, maagnier, mahaner, magner = m. s. Dial. – Mehaigné = m. s .. Aunis, Poitou, Saintonge; magagne = tracasser, fatiguer, Midi; magagnat = fatigué, tracassé, Midi. Can. – S’emploie parfois neutralernent: Je magane = je me fatigue. 3° Détériorer, endommager, briser, friper, salir. Ex.: En passant dans la boue, il a magané ses souliers = il les a salis. – Il y avait des roches dans son moulin à battre, et ça l’a tout magané = ça l’a brisé. – La sécheresse a magané le grain = a détérioré le grain. Vx fr. – Maagnier, mahaner, mahaignier, magner = estropier, blesser, détériorer, gâter, abîmer. Dial. – Méhayngnier = estropier. Normandie; margagné = meurtri, Lyonnais; mégagner = endommager. Suisse; mac’hagna = estropier, magagnare = gâter, vicier, Midi; magagnato = estropié, Midi. 4° Donner du fil à retordre à. Ex.: Ton cheval est meilleur, mais le mien l’a magané pas mal = lui a donné du fil à retordre. [GPFC]

· MI-AOUT, quinze août. La manière dont on prononce généralement ce mot rappelle cette réflexion de M. de Bellièvre: “Il me semble entendre miauler des chats, disait-il, lorsqu’on prononce autour de moi la MI-A-OU pour la MI-OU.” [Decorde]

· AOÛT s. m. Août. Vx. fr. – Au XVIe siècle, on prononçait aô; cependant beaucoup le faisaient monosyllabique. Avant cette époque, aoust était de deux syllabes. Dial, – M. s. Berry. Fr .. Bien que quelques personnes prononcent fautivement a-ou, août est monosyllabique depuis le XVIIe siècle. La Fontaine écrivait même: oût. [GPFC]

· MITAN, moitié, milieu. Les auteurs assignent diverses origines à ce mot. M. André de Poilly le fait venir de deux mots grecs: ÊMI pour ÊMISU et TAMUÔ, diviser par moitié. M. l’abbé Corblet croit qu’il vient du tudesque MITTAN, milieu. M. Auguste Le Prevost le tire de MEDIETAS, le milieu. Quoi qu’il en soit, Monet nous apprend que cette expression était généralement admise en 1636. [Decorde]

· MITAN. En Normandie, dans le Poitou et le Centre. de la France, Milieu, moitié. [Dunn]

· OBLIER, oublier. [Decorde]

· OBLIER v. tr. Oublier. Dial. – M. s., Anjou, Berry, Nivernais, Normandie, Picardie. Can. – Cf. Oubliger. [GPFC]

· PAR-APRÈS, après, ensuite. B.-N. P. [Decorde]

· APRÈS (PAR) loc. adv. Après, ensuite. Ex.: Étudiez d’abord ; vous jouerez par après = vous jouerez ensuite. Vx fr. – M. s. On trouve cette locution dans Descartes, Molière et Chapelain. Mais Vaugelas disait qu’elle avait vieilli. Dial. – M. s., Normandie, Saintonge. [GPFC]

· PIGNOCHE, cheville. [Decorde]

· PIGNOCHE s. f. 1° Pignoche de sucre = cône de sucre d’érable. 2° Pièce de bois recourbée qu’on met au cou d’un cheval pour l’empêcher de sauter les clôtures. [GPFC]

· POGNIE, poignée. [Decorde]

· POGNÉE, s. f., 1. Poignée, c.-à-d. ce qu’on empoigne avec la main, autant que la main fermée peut contenir : – Une pognée d’argent. 2. Un petit nombre : – Une pognée de gens. 3. Partie d’un objet par où on le prend, pour le tenir à la main : – Pognée d’un sabre. ” La pognée de l’espée. ” D’Aubigné, Hist. univ., II, 284, dans Littré. On dit aussi : – Une pognée de porte, dans le sens de bouton de porte ; la pognée d’un seau, d’une marmite, d’un pot, etc., pour anse d’un seau, d’une marmite. [Clapin]

· POMONIQUE, pulmonique. [Decorde]

· POMONIQUE adj. Pulmonique, poitrinaire. Dial. – M. s., Bas-Maine, Normandie, Picardie. Can. – Poumonique = m. s. [GPFC]

· QUASIMENT, presque; du latin quasi. B.-N. P. [Decorde]

· QUASIMENT, adv., Presque, peu s’en faut, il ne s’en faut guère. [Clapin]

· RACOIN, recoin. [Decorde]

· RACOIN, s. m., Recoin, coin plus caché et moins en vue. ” J’restimes à d’visair une achie, Dans not’ racouain, sus la cauchie. ” Métivier, Dict.franco-norm., p. 106. [Clapin]

· RAMARRER, rejoindre par un nœud les deux bouts d’une corde. [Decorde]

· RAMARRER, v. a., Rattacher, renouer :- Ramarrer ses souliers, Voir : Amarrer, Démarrer. Par extension, réconcilier, usité aussi sous la forme pronominale : – I viennent de s’ramarrer, c.-à.-d. de se raccorder, de se remettre ensemble. · RAMUCRIR, rendre mucre. [Decorde]

· RAMUCRIR v. intr. Devenir humide, mucre. (Voir : ce mot.) Dial. – M. s., Normandie. [GPFC]

· RANCER, avoir la respiration gênée et bruyante. [Decorde]

· RANCER v. tr. Lever, pousser avec un levier. Ex.: Rancer une maison = la soulever et la déplacer, au moyen de leviers, etc. Can. – Le point d’appui sur lequel s’appuie le levier est un ortilleux. [GPFC]

· RESSOURDRE, réveiller, activer, relever; du latin resurgere. B.-N. [Decorde]

· RESOURDRE, RESSOURDRE, v. n., du lat. resurgere. Arriver, revenir, se relever, se présenter, survenir à l’improviste. L’e initial s’elide généralement ainsi que, à l’infinitif, le r final : II va r’sourde. Il a r’sous. ” …Jâ. mes no purras resurdre ne munter. ” S. Thom. le mart., p. 100. Resordre, resourdre sont surtout très fréquents chez les vieux auteurs, dans le sens de rejaillir, ressusciter : ” Ce m’a fait resourdre en santé. ” Chast. de Coucy. [Clapin]

· ROTEUX, lieu qui reçoit l’égoût du fumier. H.-N. [Decorde]

· ROTEUX, EUSE adj. et s. m. Qui rote, roteur. [GPFC]

· TASSERIE. Voy. Tas. [TAS, lieu où l’on tasse la récolte des gerbes de blé, d’orge, d’avoine, etc.] [Decorde]

· TASSERIE s. f. 1° Partie de la grange où l’on tasse le foin. la paille, les gerbes, etc., lassière. Ex.: Décharger dans la tasserie du nord-est. Dial. – M. s. Haut-Maine, Normandie, Picardie. 2° Tas (de foin, de paille. de gerbes, etc.) dans une grange. Ex.: J’ai vendu ma tasserie de foin du côté nord. Can. – Relevé par le P. Potier, en 1746. 3° Presse. Ex.: Il y a eu ben de la lasserie dans la foule. [GPFC]

· TRAIN (être en), être ivre. [Decorde]

· TRAIN (ÊTRE EN), loc., Être pris de boisson. Être en état d’ivresse. [Clapin]

· TRAIN DE (être en), être occupé à. Ex.: Il est en train de faucher. [Decorde]

· TRAIN DE (ÊTRE EN), loc., Être occupé à : – La maman est en train de coucher ses enfants. L’Académie française ne donne à cette locution que le sens de ” être disposé à.” [Clapin]

· V’LIN, venin. [Decorde]

· VLIMEUX. Voir: Velimeux. [VELIMEUX. En Normandie et en Champagne, Venimeux.] [Dunn]

· V’LO, voilà. P. V’LO! V’LO! V’LO! pour appeler les veaux. [Decorde]

· V’LA. En Normandie et dans le Centre. de la France, Voilà. [Dunn]

· Y, il, ils, elles. Ex.: Y s’aiment comme quiens et cats. [Decorde]

· I. Pour il, ils, y, lui. I court, i marchent. Normandie., Picardie. et Centre. de la France. Il y a peu de Canadiens qui ne commettent cette faute. Nous faisons des phrases baroques comme celles-ci: “I dit que si tu veux, i ira. Je l’ai vu, et j’i ai parlé.” [Dunn]

· ZIUS, yeux. [Decorde]

· ZYEUX s. m. pl. 1° Yeux. Ex.: Un mal de zyeux. – A lui a fait une paire de zyeux. Dial. – M. s. Anjou, Bourgogne, Suisse. 2° Lunettes. Ex. : J’ai écarté mes zyeux. Dial. – M. s., Bourgogne. [GPFC]

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